mercredi 4 mai 2022

UU


De mon visage d'enfant,

ma bouche a gardé deux vestiges :

Le sceau des incisives 

qui jadis

s'accoudaient au monde

depuis ma lèvre basse.


Et bien que si tôt,

il fût déjà tard :

on les condamna

papillons et ronces

à chasser le seuil

pour fermer la porte


Couvre-feu.


Puis j'ai perdu les joues

Puis j'ai perdu la peau


Puis j'ai perdu encore


et j'ai perdu la langue


Mais ce soir

en visitant ma lèvre

j’ai délogé de leurs ornières

des mots cachés

comme en cavale


Et maigres, si maigres ! 


Juste de quoi 

faire un poème

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