jeudi 5 mai 2022

Veilleuse


Sur un lacet de route

bottes mottées de boues

Au virage de ma vie, je cherchais la lumière


Le sol était instable et les cailloux glissaient

et mon pied droit tâtait

l'endroit du pas futur


Et puis vint l'étincelle


Sans doute était-ce

le clou de mes semelles

qui avait percuté 

la lame d'un silex 


Ou qu'elle attendait là,

patiente  

dans l'ombre du soleil

l'amadou de mon corps 


Je suis celui qui garde

Sous son sternum instable

comme une cage à feu


Genèse d'un brasier

qui scintille à la ronde


Parfois quelqu'un l'effleure,

la nourrit de son être

Et je l'offre à celui qui vient s'y réchauffer


Bien sûr 

juste une pluie qui bat

et la flamme maigrit


Oh si souvent je l'ai 

sentie qui chancelait


Mais sous la braise 

couve la braise


Et il suffit d'un souffle pour que demain encore

Au sein de tout mon corps


Tout

flambe.


mercredi 4 mai 2022

UU


De mon visage d'enfant,

ma bouche a gardé deux vestiges :

Le sceau des incisives 

qui jadis

s'accoudaient au monde

depuis ma lèvre basse.


Et bien que si tôt,

il fût déjà tard :

on les condamna

papillons et ronces

à chasser le seuil

pour fermer la porte


Couvre-feu.


Puis j'ai perdu les joues

Puis j'ai perdu la peau


Puis j'ai perdu encore


et j'ai perdu la langue


Mais ce soir

en visitant ma lèvre

j’ai délogé de leurs ornières

des mots cachés

comme en cavale


Et maigres, si maigres ! 


Juste de quoi 

faire un poème